Microbiote et haute pression
L'hypertension est devenue un problème mondial de santé publique et un facteur de risque majeur pour les maladies cardiovasculaires, cérébro-vasculaires et rénales. Lorsque l’on souffre d’hypertension, l’on ne la ressent pas et c’est ce qui la rend encore plus dangereuse. À long terme, tel un élastique que l’on étire constamment, les vaisseaux manquent de souplesse et des bris se produisent. C’est là que le corps tente de les réparer ou que des substances (protéines, calcium, cholestérol, etc.) présentes dans le réseau sanguin s’y logent et forment une sorte de cicatrice… Les reins et les yeux sont les premiers à être affectés, car ils ont beaucoup de micro-vaisseaux. Si ces cicatrices cèdent et se déplacent dans le réseau sanguin, elles peuvent boucher des artères du cœur, du cerveau, des poumons, etc.
Depuis quelques années, des corrélations s’établissent entre certaines souches microbiennes intestinales et leur rôle pathogène ou protecteur dans le développement de l'hypertension.[1]
Dans le colon, une augmentation microbienne de bactéries de type Firmicutes et une diminution des bacteries de type Bacteroidetes, sont un marqueur bien établi d’un déséquilibre de l'écosystème intestinal et sont associées à de nombreuses pathologies[2].
Les genres Bacteroides et Bifidobacterium, qui sont généralement considérés comme des taxons bénéfiques, ont été associés au microbiote normotensif.
Quant aux bactéries de types Firmicutes, elles produisent diverses substances, tel que le sulfure d'hydrogène (H2S) qui inhibe l'oxydation épithéliale du butyrate, une des petites chaînes d’acides gras, principale source d'énergie des cellules des intestins. Cela conduit à une altération de la fonction de barrière intestinale et a de l'inflammation[3],[4].
Dans une étude d’un groupe de scientifiques de l'université de Huston au Texas[5], deux groupes de rats ont été étudiés : un groupe avec de l’hypertension et un autre avec une tension normale. Les animaux ont reçu des antibiotiques pendant 10 jours pour diminuer la quantité de microbes "normalement" présents. Après que les antibiotiques eussent été appliqués, le microbiote des hypertensifs a été transplanté aux rats avec une tension artérielle normale. Et le microbiote normal a été transplanté chez les rats hypertendus.
Les scientifiques ont constaté que le microbiote des hypertensifs, transféré chez les rats normaux, augmentait leur pression artérielle tandis que les selles transférées des normotensifs ont à peine diminué la tension des rats hypertendus.
Le fait que l'hypertension peut être induite par l'altération du microbiome fournit une preuve supplémentaire de l'étude continue du microbiote dans le développement de l'hypertension chez les humains et soutient un rôle potentiel des probiotiques dans le traitement de l'hypertension[6]. Il en est de même d’une diète favorisant les bacteries de type Bacteroidetes vs les Firmicutes.
[1] Gut microbiota and hypertension: From pathogenesis to new therapeutic strategies
Yongbo Kang, Yue Ca, medical School, Yunnan, China, 2017,
https://doi.org/10.1016/j.clinre.2017.09.006
[2] Diabetes, obesity and gut microbiota. Everard A, Cani PD., Best Pract Res Clin Gastroenterol 27: 73-83, 2013.
[3]Sulfides impair short chain fatty acid beta-oxidation at acyl-CoA dehydrogenase level in colonocytes: implications for ulcerative colitis. Babidge W, Millard S, Roediger W, Mol Cell Biochem 181: 117-124, 1998.
[4] Crosstalk between microbiota-derived short-chain fatty acids and intestinal epithelial HIF augments tissue barrier function. Kelly CJ et al. Cell Host Microbe 17: 662-671, 2015.
[5] Alterations in the gut microbiota can elicit hypertension in rats. Sareema Adnan et al. Physiological Genomics, 2016; physiolgenomics.00081.2016 DOI: 10.1152/physiolgenomics.00081.2016
[6] Effect of probiotics on blood pressure: a systematic review and meta-analysis of randomized, controlled trials. Khalesi S, Sun J, Buys N, Jayasinghe R. Hypertension 64: 897-903, 2014.